dimanche 23 octobre 2016

Imprimerie : s'adapter à l'ère numérique



Dans le cadre de notre cycle sur les métiers du livre, voici l'imprimerie. En suivant Cloître, premier imprimeur breton, nous découvrons comment cette activité qui mêle artisanat et industrie a dû s'adapter à l'irruption du numérique.




Pour écouter les quatre entretiens audio réalisés avec Marie-Claire Francher la responsable marketing et communication de Cloître, rendez-vous sur le site de Radio Évasion.



L'imprimerie Cloître est basée à Saint Thonan dans le Finistère depuis 1937. Elle emploie actuellement 112 personnes.

Chez Cloître, on imprime à plat, pas avec des rotatives. Ce qui suppose parfois un travail sur mesure ; en tout cas, sur de petites séries. En France, on produit de plus en plus de livres mais le nombre moyen d'exemplaires diminue. Pour Cloître, un dossier sur 3000 exemplaires est déjà important.
Il s'agit donc de travail à façon avec beaucoup d'accompagnement des clients sur le format, le type de papiers, la maquette...
On parle d'imprimerie de « labeur » car l'activité est à la croisée de l'artisanat et de l'industrie. 

Il faut produire le plus vite possible, au coût le plus bas possible, des produits multiples, et appréciés différemment par les individus. 

Le livre personnel, le livre d'artiste

Voilà des exemples de production quasiment sur mesure et qui nous rappellent que livre est aussi un objet qu'on regarde et qu'on touche, en plus d'être le support d'un contenu.
Un livre d'artiste peut demander trois ans de travail en amont. Pour Cloître, ce type de projet doit rester exceptionnel car c'est un travail à perte même s'il est valorisant pour l'entreprise, et créatif.

Édition, et surtout communication

Cloître reste un imprimeur généraliste qui réalise donc « pour vivre » des brochures, prospectus, catalogues et tous types de documents papier.
En fait, l'impression de livres ou de magazines, ce qu'on appelle l'édition, ne représente que 15 à 20 % du chiffre d'affaires de Cloître.

Proximité avec le client par la formation

Depuis 2008, l'entreprise propose des formations à ses clients pour qu'ils comprennent bien le fonctionnement de l'imprimerie et pour limiter le temps de conseil.
Qu'il s'agisse de l'éco-impression et de labels environnementaux, des pièges à éviter quand on prépare un fichier pour l'impression, des atouts du papier en complémentarité avec le digital, les thèmes sont variés et s'adaptent aux besoins.
Dispensés dans les principales villes bretonnes, ces ateliers pédagogiques fonctionnent très bien et répondent en effet à une demande des agences de communication et responsables communication des entreprises. Cela permet une fidélisation des clients et une prospection indirecte.


Offset numérique

Pour les petites séries, il existe une technique d'imprimerie récente : l'offset numérique.
Par rapport à l'offset traditionnel, le temps de calage de cette technique d'impression est très réduit, ce qui est intéressant pour produire de petites quantités de documents (des livres personnels par exemple). En revanche, le coût au clic reste important, donc produire en masse n'a pas d'intérêt économique. 

En imprimerie comme ailleurs, pour être compétitif, il faut gagner du temps. La pression sur les prix est constante. D'où l'importance de continuer à investir et innover. Les nouveaux outils augmentent la productivité et réduisent les efforts du personnel dans ses différentes tâches.

Dans toutes les étapes de l'impression, le poids de l'informatique est majeur.

  • l'impression elle-même : calage, encrage 
  • le façonnage : découpe, pliage, reliure (parfois sous traité)
  • le packaging et l'expédition

Du numérique et de l'imprimé 

Le papier lui-même est l'objet d'innovations, et Cloître a bien mis l'accent sur les papiers de qualité, les nuanciers de couleurs.
À l'avenir, les documents papier seront moins nombreux, mais de meilleure qualité.

Il y a quelques années, on a vraiment cru que le papier disparaitrait à cause du « digital ». Or, ce n'est pas ce qui s'est passé. Les liseuses numériques restent minoritaires dans les pratiques de lecture. Les lecteurs restent attachés à la sensualité du papier ; ils utilisent aussi des e-book, mais pour des raisons pratiques (c'est plus léger quand on est en déplacement).
Par ailleurs, le prix du livre est réglementé, qu'il soit en papier ou numérique, et l'avantage de prix du e-book est donc moins évident.

Cloître mise sur la complémentarité entre papier et numérique, via une digitalisation de services. Ainsi, dans le cadre de l'association Produit en Bretagne, l'imprimerie a conclu un partenariat avec l'agence de réalité augmentée Bookbeo pour la réalisation du livre OVNI. C'est un livre papier, parsemé de Qr codes lus par une application mobile qui donne accès à des contenus supplémentaires, multimédia cette fois.




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