samedi 2 avril 2016

Le vrai quotidien du patron de PME en France, raconté avec humour



"Journal d'un salaud de patron" est un livre décapant basé sur les témoignages de quelques 3000 chefs d'entreprise croisés partout en France par Julien Leclercq, lui-même dirigeant d'une PME mais aussi ancien journaliste. On est bien loin du Cac 40...


Écoutez l'entretien avec Julien Leclercq sur Radio Évasion




Après "Chronique d'un salaud de patron" qui racontait son expérience personnelle de reprise de l'entreprise de communication maternelle, Julien Leclercq récidive et se fait le porte-plume de ces dirigeants de PME qu'on entend rarement : la majorité des chefs d'entreprise français.

Patron, un métier à part entière et ... à part 


Julien Leclercq a décidé d'écrire sur son expérience quand il a compris (assez rapidement) qu'être chef d'une petite entreprise familiale en France, c'est un métier en soi et souvent bien différent de celui qu'on exerçait en créant son entreprise. 


Quel que soit leur secteur d'activité, tous les chefs d'entreprise partagent les mêmes situations humaines, économiques, administratives, fiscales, financières. Et ils partagent aussi un certain nombre de constats : 
  • La frilosité des banques et organismes de crédit 
Quand la finance va bien, les PME n'en profitent pas. En revanche, à l'inverse, une crise financière se répercute tout de suite sur le chiffre d'affaire des acteurs de l'économie réelle. Julien Leclerq raconte ses rapports difficiles avec les banquiers qui promettent leur soutien en vis-à-vis et s'empressent d'envoyer en recommandé un refus de crédit.
En France, il est plus facile d'emprunter aux organismes de crédit pour acheter une voiture ou se payer un voyage que pour sauver une entreprise et ses emplois !
  • Les contraintes administratives et juridiques 
Au départ, le créateur d'une entreprise veut mettre en œuvre une idée. Dans les faits, il remplit surtout des tâches liées à la réglementation, à l'administration.
Pour lui, le code du travail est tout simplement inapplicable en l'état, et l'environnement législatif est de toute façon trop lourd pour les PME .
  • Le management 
C'est une des tâches clés, et très chronophage, de la direction d'une entreprise : la gestion des ressources humaines, des rapports entre les employés, entre les cadres et leurs subordonnés, bref, le management. Or, les patrons ne sont pas toujours formés, ni doués pour manager... d'où parfois, les conflits avec leurs collaborateurs.
Pour Julien Leclercq, un patron qui sait parler vrai à ses salariés sait se faire écouter : au bord du dépôt de bilan en 2010, lui-même a demandé à ses employés d'accepter une baisse de salaire de 15% (qu'il s'est aussi appliquée), tout en leur avouant qu'il ne savait pas jusqu'à quand cette baisse aurait cours. Tous ont accepté !
  • La question des charges sociales
Pour Julien Leclercq, les charges sociales sont clairement trop lourdes : dans son cas, un salarié lui coûte 130 € de plus par mois qu'il y a 5 ans alors que le salarié lui a perdu 60 € nets par mois du fait de l'augmentation des charges.


"99 % des entreprises françaises sont des PME, pas des entreprises du Cac 40"



Julien Leclerc a choisi l'humour pour faire passer son message. Il entend surtout lutter contre les caricatures : non, les salariés ne sont pas tous nuls, les patrons ne sont pas tous méchants ou malheureux, ni les fonctionnaires fainéants...

"Journal d'un salaud de patron" regorge aussi de récits concrets, d'histoires vécues, réellement, par des entrepreneurs que l'auteur a rencontrés partout en France suite au succès de son premier livre et de son blog. 

Quelques exemples : 

Une salariée demande à ne plus travailler entre 15 et 17 h, et ce tous les jours, alors qu'elle est chargée de clientèle. Mécontente du refus de son patron, elle finit par lui expliquer le motif de sa demande : pour voir son amant !  

Après un arrêt maladie de longue durée, une salariée présente l'avis de la médecine du travail qui l'a déclarée apte à reprendre le travail à trois conditions : pas de contact direct avec le client, ni avec sa hiérarchie, ni avec ses collaborateurs. Comment l'employeur est-il alors censé organiser le poste de cette salariée ? Et que signifie au juste "contact direct" ? Est-ce que ça inclut l'échange par téléphone?


Julien Leclercq est un homme de communication. Il sait que pour se faire entendre aujourd'hui, il faut frapper les esprits : il est l'initiateur des "déplumés" qui avaient manifesté en slip devant le Conseil économique, social et environnemental.


Malgré les difficultés, il a su remettre à flot son entreprise, être apprécié de ses salariés, et il reste donc optimiste ! 


Qu'est-ce qui définit selon lui un entrepreneur ? C'est avant tout celui qui prend un risque. 





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