mardi 14 avril 2015

Le commerce de centre ville, témoignage



Témoignage d'une commerçante du centre de Quimper, Irène Le Berre, qui nous raconte les difficultés et les bonheurs de son activité. D'un côté, le coût de l'emplacement, les autres freins liés à l'urbanisme, de l'autre, la solidarité entre commerçants d'une même rue et les relations chaleureuses avec les clients.


À écouter sur Radio Évasion



La renaissance du petit commerce ? 


Une étude du Credoc (Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie) nous apprenait en 2010 que le commerce de proximité se réveillait tandis que les hypermarchés s'essoufflaient. Le renouveau du petit commerce de centre ville passe sans aucun doute par des innovations, des expérimentations, de nouveaux produits et services mais aussi un travail sur le rapport au client, la convivialité.
Assurément, les modes de consommation changent aussi. On aspire à plus de personnalisation du service et du produit, moins de massification, moins de standardisation. Les crises de confiance dans les produits de l'industrie agroalimentaire, la désindustrialisation qui pousse à l'achat du "made in France" ont infléchi nos actes d'achat. Les commerces de centre ville sauront-ils en profiter ?
Malgré internet et le e-commerce, il y aurait donc bien une place pour les magasins de ville dans l'économie du XXIe siècle.

Se spécialiser, personnaliser l'offre


C'est plus facile en tout cas quand on occupe une niche économique comme Irène Le Berre qui vend des vêtements, chaussures et accessoires grande taille (Idées Rondes). Elle souffre moins de la désaffection récente des Français pour le prêt-à-porter.
Tenir une boutique, c'est aussi offrir un conseil direct au client, peaufiner une offre sur-mesure. Et entretenir avec ce client une relation de qualité. Cette relation client est l'une des motivations principales d'Irène Le Berre.
Elle apprécie aussi de pouvoir se fournir en France et en Europe. Les fournisseurs sont encore nombreux, voire se développent de nouveau, dans ce secteur particulier du textile et du vêtement pour femmes fortes.

Transports et commerce de centre ville


Donnée intéressante et qui va à l'encontre des idées reçues, le commerce de centre ville ne souffre pas forcément du recul de la place de la voiture. Il faut se pencher sur une autre étude du Credoc pour comprendre que les liens entre santé économique du commerce et formes d'urbanisation sont complexes.
Certes, les places de stationnement disparues ou la multiplication des rues piétonnes contrarient l'automobiliste. Mais elles ravissent le piéton ou le cycliste qui est aussi un consommateur. Le Certu (Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les constructions publiques) a lui aussi démontré que la piétonnisation des villes modifie le commerce mais favorise à terme son essor.

Et si elles s'accompagnent d'une vraie politique de développement des transports publics, les plans de déplacements urbains (PDU) dopent véritablement le commerce de centre ville. Un transport en commun en site propre comme un tramway ou un bus à voie réservée devient un véritable atout pour les boutiques de ville.
Pour autant, les commerçants comme Irène apprécient les mesures municipales qui favorisent l'accès motorisé au centre : stationnement gratuit à partir de 17h, transports en commun gratuits le samedi, etc.

Toute médaille a son revers : si le centre ville redevient attractif, s'y installer coûte plus cher. L'achat du pas-de-porte est parfois prohibitif. Ce droit d'exercice du commerce est une charge qui s'ajoute aux travaux de rénovation et d'installation et au loyer du magasin.


Études

Quel commerce de demain ? La vision prospective des acteurs du secteur. Credoc 2010.
Commerce et zones à priorité piétonne. Certu 2011.
Commerce et mobilité. L’activité commerciale face aux nouvelles  politiques publiques de déplacements urbains. Credoc 2005.








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