dimanche 9 novembre 2014

Les citoyens ont-ils soif de culture économique ?




Il paraît que les Français sont nuls en éco.
Quand nous avions organisé notre premier café éco sur la dette il y a deux ans, dans un bistrot de notre petite commune du Faou (moins de 2000 habitants), nous avions été très agréablement surpris de l'affluence : une quarantaine de personnes se serraient dans l'espace assez modeste du bar ; elles écoutaient, posaient des questions ou émettaient des remarques pertinentes...
Bref, qui nous aurait dit alors que l'économie n'intéressait personne, nous aurait fait lever un sourcil.






Nous ne sommes pas les seuls à proposer des cafés économiques, d'autres associations à Pont-Aven (29) ou Pessac (33) le font depuis plus longtemps que nous et plus régulièrement.

La crise a boosté les collectifs à thème économique


Si la crise de 2008, qui n'en finit pas de s'étirer, a eu une vertu, c'est peut-être celle d'avoir déclenché un vaste mouvement d'éducation populaire économique.

Des associations ou collectifs ont vu le jour, ou ont gagné en notoriété, comme les Économistes Atterrés, le collectif Roosevelt, la SCOP Le Pavé, et bien d'autres...

Des MJC et centres socioculturels proposent désormais des cycles d'économie comme la Maison Pour Tous de Kerfeunteun à Quimper.

Des « festivals » ou forum à thème économique progressent ou naissent comme les Jeco 2014, journées de l'économie de Lyon du 13 au 15 novembre 2014.

La mission principale de tous ces mouvements est bien de s'adresser aussi au grand public pour lui donner les armes intellectuelles et se faire une idée en matière économique.

Il s'agit en quelque sorte de dé-confisquer le débat économique jusqu'à présent chasse gardée de quelques spécialistes.


L'économie en mode « divertissement » dans les médias


Les médias généralistes, qui ne sont qu'un reflet de la société, s'y mettent donc aussi, sans doute rassurés par le succès relatif de certains documentaires ou fictions économiques comme Margin Call ou Inside Job.

Donner les outils pour se faire une idée, c'est justement l'argument du documentaire le Capitalisme, diffusé récemment sur Arte.
Et l'économie est le thème central de la série transmédia Anarchy qui vient de commencer le 30 octobre sur France 4.
Assortie d’un site, d’un jeu, d’une application mobile, d’un roman et d’une chronique hebdomadaire écrite par Marc Dugain, Anarchy nous raconte l’histoire d’une France forcée de sortir de la zone euro. Chaque citoyen est désormais contraint de vivre avec 40 euros en liquide par semaine. L’économie chancelle, les institutions et la société vacillent, le chaos menace. Les internautes peuvent s'immerger dans l'histoire et participer à son écriture, y compris en inventant des personnages. On verra si la proposition séduit.

Des outils pour se cultiver en économie, il en existe d'autres comme cette BD ou plutôt ce roman graphique sur l'histoire économique des Etats-Unis (qui est aussi un peu la nôtre) : Economix se lit (presque) comme un roman et nous explique très clairement le cheminement de la pensée économique depuis le 19e siècle, les différentes théories...et leurs limites. Au passage, on comprend aussi quelques mécanismes fondamentaux : le dessin, ça aide !


Les citoyens défendent ceux qui les informent vraiment


N'oubliez pas que le mensuel Terra Eco, qui vient d'être sauvé par une souscription de ses lecteurs et de citoyens motivé, c'est un magazine d'économie (même si éco peut aussi désigner l'écologie). Et en effet, le magazine y explique au grand public l'économie au sens large, y compris ce qu'elle pourrait être en proposant des exemples positifs de solutions locales pour nos problèmes économiques globaux... Le mensuel joue à fond la carte de la pédagogie : à suivre notamment la rubrique « l'économie expliquée à mon père ».

Ce ne sont que quelques exemples de ce qui pourrait bien être une vague de fond et un intérêt qui va – espérons-le – au delà des modes : les citoyens cherchent une « autre parole » économique, et c'est tant mieux !


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